Chardon Noir et le faux guide

Depuis 2006, Chardon fait une randonnée au Maroc chaque année. Ces périples débutèrent comme un exercice pour combiner l’amélioration de son français parlé avec son penchant pour le défi au grand air. Aujourd’hui, ils devinrent un mode de vie. En fait, c’est presque un pèlerinage annuel. D’habitude il passe une semaine à la montagne avec un groupe français et après, il fait un peu d’exploration en solo.

Mars 2014, Chardon sillonnait les petites ruelles de la médina à Marrakech, se considérant expérimenté dans les coutumes locales, quand il se rendit compte qu’il s’était trompé de route. Cela ne se dérangea pas parce qu’il avait plusieurs fois parcouru la ville et il la connaissait un peu. Et il parlait du français et il avait des notions d’arabe. Et il y avait toujours quelqu’un prêt à vous montrer la route en échange d’un bakchich. Chardon refusa l’invitation du premier « guide » parce qu’il n’aimait pas l’étroitesse de la ruelle vers laquelle il voulait que ils se dirigent. Il accepta cependant celle d’un jeune noir, qui parlait bien l’anglais, de s’accompagner à la place centrale. Il allait lui en coûter 10 ou 20 dirhams mais, tant pis, il était en vacances.

Donc, Chardon et son nouvel ami se mirent en route pour la place. La conversation était légère. Ils discutèrent de la famille du gars, de la vie quotidienne au Maroc et de ses espoirs pour l’avenir. Tout à coup, le jeune homme descendit la rue à droite à toutes jambes avec, à ses trousses, un motocycliste plus âgé et plus robuste et sorti de nulle part. Chardon craignit immédiatement pour le bien-être du jeune noir. Puis il le perdit de vue quand il entra dans une petite ruelle étroite à sa droite. Chardon pensa que son camarade était tombé sur une ancienne connaissance qui voulait régler ses comptes ou, peut-être, sur le parrain local.

Quand le motocycliste se dirigea vers lui, Chardon descendit du trottoir et s’arrêta devant lui. Il était bien agacé et il allait lui demander les raisons pour lesquelles il avait terrorisé le jeune homme. Après avoir patiemment écouté les questions de Chardon, le motocycliste sortit tout de suite sa carte d’identité et la lui montra en se disant: « Je suis policier et cet homme était un faux guide. Il est interdit de demander de l’argent aux touristes. Pour la place centrale, allez tout droit. Faites attention, monsieur. » Chardon le remercia et se dirigea vers la place.

Chardon savait que le jeune homme lui aurait demandé de l’argent et il était préparé à le payer. Il avait déjà entendu parler de faux guides mais il avait toujours pensé qu’un faux guide était un guide de montagne sans diplôme. On apprend à tout âge!